Dernière mise à jour le 18 Dec. 2019
Le nouvel arrêté ministériel du 1er octobre, entré en vigueur le 4 octobre 2019 et d'application jusqu’au 23 janvier 2020, interdit à nouveau la circulation en forêt. Malgré qu’il ait été établi que la recrudescence de l’épidémie de la PPA, n’ait pas eu lieu, la nouvelle Ministre de la Forêt, Céline Tellier (Ecolo) a pris cette décision étant donné que la crise sanitaire reste assez critique et que le risque que la maladie devienne endémique en Région Wallonne est réel.
En effet, l’arrêté expose que certains sangliers sont séropositifs, c’est-à-dire qu’ils survivent à la maladie par le développement d’anticorps contre le virus de la peste porcine africaine. Ces sangliers peuvent donc la propager de manière bien plus étendue que les sangliers viropositifs qui recherchent de préférence des zones humides en milieu forestier pour mourir. Le maintien de la circulation en forêt présente donc un risque réel de dispersion du virus vers des zones boisées non infectées.
Une des mesures essentielles de gestion de la PPA consiste à éviter au maximum le déplacement des animaux malades. Ce sont dès lors les activités forestières de tout type et particulièrement celles qui se pratiquent hors chemins et sentiers qui sont les plus susceptibles de faire fuir les sangliers.
Les moyens de lutte contre cette maladie se matérialisent au travers de différentes mesures comme les opérations de destructions (un important dispositif de destruction par le tir via de nombreux points d’affût et d’appâtage est en cours de déploiement), le tir de nuit et le piégeage, l’installation d’un réseau de 250 km de clôtures et par d’intenses opérations de prospection et d’évacuation des carcasses de sangliers. En cas de découverte d’un cadavre de sanglier, celui-ci ne peut être ni approché, ni touché et le numéro de téléphone 1718 est immédiatement averti.
NTF et la Confédération belge du Bois ont demandé au Comité scientifique de l’AFSCA de remettre un avis sur le risque d’introduction de la maladie dans les exploitations porcines associé à une reprise des travaux forestiers en zone II (contaminée par la PPA) afin de déterminer si une reprise des activités (la préparation du sol, l’apport d’amendements, les plantations, les semis, l’élagage, le marquage d’arbres en éclaircie) et exploitations de types forestières est envisageable compte tenu de l’épidémie et son évolution. Malheureusement, l’AFSCA a conclu qu’elle ne recommande pas à l’heure actuelle la reprise de ces travaux, non en raison du risque d’introduction du virus dans les exploitations porcines mais bien du risque de sa propagation en faune sauvage. Malgré le caractère indispensable de certains travaux sylvicoles pour la survie des peuplements, l’AFSCA estime que d’autres travaux visent uniquement une meilleure conformation et donc un meilleur rendement économique pour le propriétaire. Cet objectif ne l’emporte dès lors pas au regard de l’intérêt général qui est d’éviter la propagation de la peste porcine …
Toutefois, l’arrêté précise que la préservation et la protection de l’écosystème forestier relève aussi d’un intérêt général. C’est pourquoi, la Ministre confirme qu’ilconvient de prendre des mesures pour endiguer au maximum la pullulation du scolyte (Ips typographe) qui attaque l’épicéa afin d’éviter une déstabilisation des peuplements forestiers. Pour ce faire, il faut procéder à une évacuation efficace :ce qui veut dire que le moindre arbre nouvellement attaqué, doit être évacué dans les quatre semaines !
1/ Dans cet optique, l’inventaire, le marquage, l’exploitation, le contrôle des inventaires et l’exploitation des seuls épicéas scolytés peuvent être autorisés par le chef de cantonnement territorialement compétent pour autant que l’accès aux peuplements se fasse le plus possible sur des chemins empierrés et que les chaussures et équipements des intervenants ainsi que les véhicules qui ont quitté les chemins en question, soient désinfectés après chaque passage en forêt. Ces personnes ainsi que leur véhicule, ont l’interdiction de pénétrer dans une exploitation porcine dans les 72h qui suivent les mesures de désinfection.
2/ Tous les bois coupés et entreposé dans les bois et forêts, au bord des routes et chemins empierrés, peuvent être enlevés par leur propriétaire et les employés de celui-ci sans que les engins utilisés ne quittent la voirie empierrée concernée. L’intervention doit évidemment faire l’objet d’une notification préalable.
Pour NTF, le retour à une interdiction d’accès à la forêt à tous usagers fait preuve de bon sens de la part de la nouvelle Ministre... Et on peut espérer que les mesures d’élimination du gibier concerné soient suffisamment efficaces en termes de rapidité. Toutefois, l’impact économique pour le secteur forestier et l’impact d’avenir pour la santé de la forêt restent des points ignorés par cette Dernière, autant que le secteur de l’Horeca d’ailleurs. Encore une fois, il ne nous semble pas normal dans un Etat de droit (y compris l’Europe) qu’une interdiction justifiée par l’intérêt public ne contienne pas un volet « indemnisation ». Le précédent Gouvernement nous avait promis une enveloppe de 4 millions d’Euros pour la filière bois, nous n’en avons toujours pas vu un centime…
Pour rappel, si vous êtes concernés par l’interdiction de circuler en forêt dans la zone de la PPA et que vous subissez des pertes financières liées à cette interdiction, vous pouvez toujours contacter Loïc de Maleingreau (loic.demaleingreau@ntf.be) afin qu’il puisse rassembler le plus d’exemples concrets constitutifs d’un dossier solide à présenter à la nouvelle Ministre.