Dernière mise à jour le 29 Sep. 2017
L’agriculture de demain devra être capable de produire davantage de denrées alimentaires et de biomasse, tout en étant plus économe en énergie, en sols et en eau. Le mode de valorisation des terres agricoles revêt dès lors un caractère de plus en plus stratégique. Pour les gestionnaires de terres agricoles, une exploitation plus respectueuse de l’environnement peut devenir une opportunité d’innovation et de différenciation, un moyen de gagner en compétitivité.
NTF suit de près les recherches en agroforesterie, voie prometteuse qui consiste à associer arbres et cultures ou élevage, de façon conjointe et complémentaire sur une même parcelle. Cette technique pourrait bien constituer un nouveau type de diversification et de valorisation des terres agricoles, peut-être même encouragée par les mesures de ‘verdissement’ de la PAC.
Production de biomasse, paysages et services écologiques
Quand les arbres sont bien choisis, bien localisés et bien conduits, la production globale de biomasse est plus élevée que les mêmes productions sur des surfaces séparées. De plus, le bois de qualité vient compléter les activités agricoles qui bénéficient des services agro-écologiques rendus par les arbres. Cette diversification agricole s’inscrit donc dans une logique de production et de rentabilité économique, tout en générant des bénéfices sociétaux et territoriaux indéniables : elle est source de travail en zone rurale et assure une fonction paysagère intéressante. Ce type de production mixte, dont l’une est annuelle et l’autre à terme plus long, peut constituer une voie de stabilisation du revenu: il permet de ne pas affecter le sol à une seule spéculation et ses aléas (techniques ou mercuriaux) et de disposer, après un certain temps, d’une capitalisation mobilisable en cas de besoin.
De surcroît, l’agroforesterie fournit des services écologiques utiles pour la collectivité: source de biodiversité, d’humus, de protection contre l’érosion des sols, amélioration quantitative et qualitative des nappes phréatiques, séquestration de carbone, microclimat bénéfique pour la parcelle et le bétail et amélioration de la qualité de l’air. Cette meilleure valorisation des ressources naturelles répond à l’accroissement des besoins alimentaires et en bois de la population mondiale.
L’obstacle de la Loi sur le bail à ferme
En région wallonne, la mise en œuvre de projets agro-forestiers se heurte à un obstacle de taille : le cadre restrictif de la Loi sur le bail à ferme, qui entre en jeu pour 70% de la surface agricole utile. A l’heure actuelle, et sauf exceptions, la Loi interdit au bailleur l’implantation d’alignements d’arbres en champ soumis à bail et conditionne celle-ci, dans le chef du locataire, à un accord écrit préalable du bailleur, car un tel projet peut dépasser la durée d’un bail à ferme. L’opportunité économique et environnementale de l’agroforesterie ne peut dès lors être saisie que moyennant une adaptation de la législation. Une nouvelle démonstration de la nécessité de réformer ce cadre législatif trop rigide, et donner naissance à des formes de relations preneur-bailleur qui permettent une cogestion du territoire.
Position de NTF
NTF pense qu’il serait dès lors équitable que les propriétaires puissent, dans un cadre nouveau et adapté, implanter des arbres en symbiose avec l’activité traditionnelle du preneur. Un tel système peut constituer une alternative susceptible de motiver certains propriétaires à rester bailleurs…. et profiterait à la collectivité grâce aux services environnementaux générés par l’agroforesterie.
Par ailleurs, dans une société soucieuse de sa qualité de vie et de son eau, cette voie ouvre la possibilité de rémunérer les services environnementaux fournis. En effet, l’implantation de projets agroforestiers dans les zones agricoles incluses dans des périmètres de protection des captages, voire sur les bassins versants, pourrait être favorisée par les compagnies des eaux moyennant un soutien financier correct des porteurs de projets.
Informations utiles :
- En quoi consiste exactement l’agroforesterie ? Cette pratique est-elle adaptée à nos régions ?
- Dans quel but installe-t-on un projet agroforestier ?
- Quels en sont les avantages et les inconvénients ?
- Qui peut m’aider dans un tel projet ?
- Fiche CoDT 3: Abres isolé, Haies, Allées
- Fiche CoDT 4: Arbres et Haies remarquables
- Fiche CoDT 6: Culture intensive et populiculture