Dernière mise à jour le 29 Sep. 2017
Chaque projet agro-forestier répond à un objectif spécifique qu’il y a lieu de définir avec soin. Celui-ci conditionnera le choix des parcelles, des associations et des itinéraires techniques et, dès lors, la pertinence économique et agronomique du projet.
L'agroforesterie répond aux exigences environnementales mais s’inscrit avant tout dans une logique de production. L'exploitant produit du bois, commercialise ses billes et cultive ses champs. Il capitalise et diversifie ses sources de revenus. Avant d’installer un tel projet, il est primordial de définir clairement les objectifs poursuivis, pour pouvoir analyser correctement la faisabilité et le type de projet à mettre en place.
Diversifier ses productions
L'agroforesterie offre, outre son incidence sur les cultures, des revenus complémentaires réguliers : 5-10 ans après l’implantation, la taille annuelle des arbres fournit du bois de chauffe et à maturité de l'arbre, vers 30-50 ans, les fûts sont vendus comme bois d'œuvre.
Restaurer le taux de matière organique (M.O.) des sols
En 2006, plus de la moitié des sols agricoles wallons présentaient une teneur en MO inférieure à 2%, seuil critique en-dessous duquel la cohésion des agrégats du sol n’est plus garantie. Cette évolution catastrophique s’observe surtout dans le nord du Condroz où les sols ont perdu jusqu’à 56% de MO entre 1960 et 2006. (carte teneurs en MO sols wallons – TBE 2010, p118)
Or, la matière organique joue un rôle très important dans la qualité des sols et détermine leur aptitude à remplir leurs fonctions : elle assure la stabilité de la structure du sol, sa résistance à l’érosion, à la dégradation physique et au compactage, sa capacité de rétention de l’eau, son aération, sa réserve en éléments nutritifs libérables par minéralisation ou encore sa réactivité chimique et biologique.
Fournir au sol de la MO biodégradable est donc impératif pour réduire ce déficit mais la capacité de production de cette MO en Wallonie n’équivaut qu’à 22 à 45% des pertes. Des solutions alternatives vont devoir être mises en œuvre : le BRF ou Bois Raméal Fragmenté constitue une piste intéressante pour restaurer avec patience le carbone organique du sol. Les produits de coupe ou d’élagage des arbres en champ peuvent être valorisés en BRF.
Limiter ou arrêter l’érosion de vos sols agricoles
En Région wallonne, les pertes potentielles en sol par érosion hydrique s’établissent entre 1 et 20 T/ha/an avec une valeur moyenne de 2,9 T/ha/an ! Les régions limoneuses et sablo-limoneuses présentent des risques particulièrement importants. Ces pertes de sols ont augmenté de +/- 75% depuis 1971 (carte p119 Tableau de Bord de l’Environnement Wallon).
Pour un propriétaire désireux de maintenir la capacité de production de son capital foncier, il s’agit d’un constat alarmant, face auquel des solutions existent : l’utilisation de BRF, un processus lent qui permet de combattre érosion et battance des sols. Par ailleurs, les arbres contribuent à limiter le ruissellement sur les parcelles lors de fortes précipitations.
Produire du bois de qualité dans un objectif patrimonial
Un arbre en champ est un arbre en croissance libre : il ne subit pas la compétition d’autres arbres, capte mieux l'ensoleillement qu'un arbre en forêt et croît plus vite, avec un bois de cœur plus développé et homogène. Ces cernes larges et réguliers sont particulièrement adaptés au tranchage. Il forme une bonne source d’approvisionnement local pour une industrie à la recherche de bois de qualité pouvant se substituer aux essences importées.
D’autre part, des essences nobles (érable, frêne, merisier) ou peu utilisées en sylviculture traditionnelle (alisier, poirier, noyer) peuvent constituer un choix judicieux à forte valeur marchande, à condition d’être bien adaptées aux conditions de la station.
Notons cependant que les primes à la plantation d’alignements d’arbres (URL vers pdf AGW 20/12/07 modifié par AGW 14/07/11) ne sont pas octroyées aux essences les mieux adaptées aux projets agroforestiers (noyer hybride, alisier, robinier, cormier). D’autres peuvent y prétendre : noyer commun, pommier, merisier, érable, frêne.
Obtenir des fûts de haute valeur marchande exige une conduite professionnelle de l’arbre : taille de formation et élagage progressif en hauteur pour permettre aussi le passage des engins agricoles.
Augmenter la production de biomasse… et fixer du C
La compétition accrue entre débouchés potentiels de la biomasse génère des tensions sur les prix et par moments des difficultés d’approvisionnement local. L’agroforesterie présente dès lors des avantages certains, e.a. grâce à l’interaction bénéfique culture/arbre. Fabien Liagre, directeur du bureau d’études Agroof, explique : « L’association arbre/culture produit 1,2 à 1,6 fois plus de biomasse qu’un assolement agriculture-forêt sur la même parcelle. La totalité de ce bois peut être valorisé, en bois d’œuvre d’abord, en BRF ou éventuellement bois-énergie pour les produits d’élagage, ensuite ».
L'agroforesterie constitue dès lors un puits de carbone intéressant. Pour une densité de 50 arbres/ha, les arbres fixent 1 à 2 T de C/ha/an. Un atout non négligeable face aux enjeux du changement climatique.
Encourager la diversité biologique
Ce biotope particulier qu’est l’association arbre/culture peut fournir, par la création de zones refuges et de corridors écologiques, un milieu de vie temporaire ou permanent aux espèces végétales et animales sauvages et augmenter ainsi la biodiversité. L’effet de lisière des zones enherbées au pied des arbres améliore l’implantation des auxiliaires de cultures et les insectes.
Le gibier est bienvenu sur votre propriété
Vous êtes chasseur et souhaitez augmenter la capacité d’accueil de gibier sur votre territoire ? Grâce à l’agroforesterie, vous privilégiez la création de zones refuges.
Créer des paysages attractifs
Une image valant plus qu’un long discours…
Aide au choix des essences :