Flash Info 192 : L’Europe donne une définition de la dégradation des forêts

Dernière mise à jour le 3 Aug. 2022

Drapeau européen

Le 28 juin dernier, les Etats européens sont arrivés à donner une définition commune de ce qu’ils entendent par déforestation dans le cadre de la politique européenne de lutte contre la déforestation importée. Alors que les activités à Démo Forest ont battu leur plein ces 2 jours-ci en vue notamment de convaincre de jeunes travailleurs à venir dans le secteur du bois en pénurie de main-d’oeuvre, la gestion forestière de demain va connaître un alourdissement de sa charge administrative.

En 2021, la Belgique a rejoint le partenariat des Déclarations d’Amsterdam entamées en 2015, dans le but ambitieux de réguler la mise sur le marché de certains produits, tant importés qu’exportés, associés à la déforestation, comme par exemples le café, le cacao, l’huile de palme, le soja, le bœuf, ou encore le bois. Et de souligner l’importance de protéger les forêts dès lors que les changements d'affectation des terres (y compris la déforestation) sont à l'origine de 24 % du problème du changement climatique. L’objectif est de ne pas épuiser nos réserves forestières tant en Europe que sur la planète entière. Très vite dans les débats, certains Etats membres dont la Belgique ont souhaité s’attaquer à la déforestation mais aussi à la « dégradation » forestière, cette dernière visant « toutes les opérations de récolte non-durables ». Définition plutôt difficile à appliquer sur le terrain, comme l’avaient soulevé nos associations forestières européennes (notamment le CEPF et ELO dont NTF est membre).

Il y a un mois, les 27 Ministres réunis en Conseil se sont finalement mis d’accord sur une définition plus claire de cette dégradation comme étant « un changement structurel du couvert forestier prenant la forme d’une conversion des forêts primaires en forêts de plantations ou en autres terres boisées ». Dans son communiqué de presse, le Conseil de l’UE explique que cela permettra de mesurer et vérifier facilement le respect des règles de diligence raisonnée obligatoires qui seront mises en place pour tous les opérateurs (dont les forestiers). En effet, concrètement le Conseil annonce une déclaration de diligence raisonnée, avec à la clé un suivi de règles sur base d’objectifs quantifiés en matière de contrôle, avec des sanctions proportionnées et dissuasives. Par exemple, les propriétaires forestiers devront géolocaliser les parcelles, ce qui peut être difficile, surtout pour un petit propriétaire. Comme il sera difficile (voire impossible) de fournir un lien précis entre le produit bois et la parcelle de terrain sur laquelle le bois a été produit. Le Conseil prévoit toutefois pour les petits opérateurs la possibilité de faire appel à des opérateurs de plus grande taille pour préparer ces déclarations de diligence raisonnée…

Si l’on pourrait croire que le projet actuel ne concernera pas les producteurs de bois wallons, les Etats membres dont la Belgique ont insisté pour que le texte intègre la possibilité d’ajouter dans 2 ans d’autres produits de base mais aussi d’autres écosystèmes (comme les forêts « naturelles », les zones à haute valeur de conservation…) L’association européenne CEPF de rappeler dans son communiqué de presse le soutien entier des producteurs forestiers européens pour stopper la déforestation mondiale mais avec la nuance que le succès de telles ambitions ne se fera pas sans la collaboration de ceux qui porteront la responsabilité de ces nouvelles mesures !

 

Références :