Dernière mise à jour le 7 Feb. 2017
Résumé de l'intervention de Vincent COLSON, responsable de la Cellule d'Appui à la Petite Forêt Privée (CAPFP), OEWB, lors de la conférence organisée par NTF, le 25 octobre 2016 à Naxhelet
1) La petite propriété privée : structure et morcellement
Les propriétés de moins de 5 hectares représentent 25 % de la surface forestière privée wallonne et concernent 91% de l’ensemble des propriétés. Elles sont réparties sur l’ensemble de la Wallonie même si certaines sous-régions en sont davantage pourvues (vallée de l’Ourthe, plateau de Bastogne, Gaume). Cette importance de la petite forêt privée contribue au morcellement de la forêt wallonne, alimenté par ailleurs par la dispersion des blocs d’une même propriété et par le parcellaire de gestion au sein de ces blocs.
Pris de façon générale, le morcellement induit généralement des difficultés en matière de gestion forestière : lots de plus faibles volumes et surfaces, multiplicité des acteurs complexifiant la gestion d’un territoire. Le morcellement peut cependant n’entraîner que peu d’inconvénients d’ordre économique si le propriétaire valorise lui-même ses ressources (bois de chauffage), voire être une source de plus-values pour d’autres fonctions (paysage, accessibilité du public, diversité écologique…).
2) Les spécificités des propriétés et des propriétaires de forêts de moins de 5 ha
Les petites superficies induisent inévitablement des particularités par rapport à des propriétés plus importantes. Dans les régions périurbaines, ces « forêts » peuvent prendre l’apparence d’un fond de jardin, d’un parc ou d’un « coin de nature » où la fonction de production de bois sera limitée. Ailleurs, ces petites forêts sont d’anciennes terres agricoles reboisées généralement en épicéa en Ardenne et en peuplier dans le nord de la région. Ces « cultures d’arbres » ont été installées pour produire du bois et le valoriser. Enfin, il y a les parcelles situées davantage au sein d’un massif forestier morcelé dont l’importance de la production forestière est fonction des peuplements et du suivi de ceux-ci. Ces petites parcelles sont concernées dans de nombreux cas par une accessibilité déficiente (enclavement…) et par une forte dépendance par rapport aux parcelles voisines (risques de chablis, concurrence entravant la croissance…) qui, ajoutées au caractère réduit des surfaces et volumes produits, peuvent compliquer sensiblement la valorisation des ressources en bois.
Au niveau des propriétaires, des spécificités sont aussi à évoquer. Les fonctions attribuées à la forêt sont plus limitées que dans le cas de superficies plus importantes (moins de diversité) et certaines y sont même exclues (chasse). L’attachement sentimental peut être tout aussi important que pour des propriétés plus importantes mais vu l’importance moindre que la forêt représente dans le patrimoine du propriétaire, ce dernier y consacre moins de temps et moins de moyens. Comme les opérations sylvicoles (coupes et travaux) sont occasionnelles voire exceptionnelles, les contacts sectoriels sont peu réguliers et le bagage technique du propriétaire est parfois déficitaire.
3) Les enjeux économiques actuels et futurs de la petite forêt privée
En termes économiques, comme dans la majorité des forêts privées, les propriétaires de petites superficies bénéficient actuellement de peuplements de productions élevées, issus de plantations réalisées avec soin et parfois opiniâtreté par leurs parents. Il importe cependant de mobiliser les ressources à leur stade optimal en évitant les coupes prématurées ou une capitalisation trop importante. Renouveler les ressources forestières présentes constitue un autre enjeu qui passe par une sensibilisation au reboisement et à l’investissement forestier. Le contexte est actuellement favorable pour les propriétaires (augmentation de la valeur des fonds de bois, rendement supérieur aux comptes d’épargne, régime fiscal adapté), pour autant qu’il ne soit pas confronté à une pression trop importante du gibier, à des problèmes phytosanitaires ou à des événements météorologiques exceptionnels.
Les enjeux économiques futurs pour la petite forêt privée seront notamment de poursuivre à la valoriser en cherchant à favoriser les procédures d’achat et d’échange de parcelles et les sorties d’indivisions « multiples », dans le respect du droit de propriété. Développer la gestion groupée et/ou concertée, encourager au reboisement et à une gestion soutenable des ressources constituent des autres enjeux. Mais des réflexions devraient également être menées afin d’optimaliser les itinéraires sylvicoles dans le cas des petites forêts privées (types et nombre d’interventions). L’augmentation des coûts de gestion et de travaux, combinée à la diminution des prix des matières premières comme le bois risquent dès aujourd’hui de dissuader les propriétaires de poursuivre la production de bois.
4) Les actions de la Cellule d’Appui en relation avec ces enjeux
Depuis sa mise en œuvre, la Cellule d’Appui cherche à aider les petits propriétaires privés à mieux connaître et valoriser les ressources en bois de leur parcelle forestière, en leur fournissant une information neutre et objective, en les redirigeant vers des professionnels (www.entreprisesforestieres.be) et en développant des ventes de bois groupées et des travaux forestiers groupés. Cela participe à une meilleure valorisation des ressources en bois et au renouvellement des ressources forestières. L’optimalisation des itinéraires sylvicoles est aussi recherchée. Pour les personnes souhaitant vendre leurs parcelles, la Cellule les encourage à contacter prioritairement leurs voisins. Le site (www.foretavendre.be) a également été développé afin de favoriser la mise en contact entre vendeurs et acquéreurs. Des réflexions sont également en cours au sein du comité de suivi de la Cellule sur les possibilités de favoriser les échanges de parcelles et les sorties d’indivision multiples.
5) Conclusion
Si la petite forêt privée revête aujourd’hui une importance économique pour la filière et pour les propriétaires, elle évoluera vraisemblablement dans les années à venir, d’une part, vers une augmentation de la production forestière là où elle reste possible, par les aides apportées aux propriétaires et par les itinéraires sylvicoles proposés, et, d’autre part, vers une diminution ou disparition de la fonction de production dans d’autres cas, compte tenu de contraintes techniques (sols/topographie) ou réglementaires (conservation de la nature, aménagement du territoire). Tout regroupement de propriétés est à encourager, qu’il s’agisse d’une amélioration foncière structurelle via échanges, ventes et acquisitions ou d’une aide à la gestion forestière groupée/concertée. et pour les propriétaires, elle évoluera vraisemblablement dans les années à venir, d’une part, vers une augmentation de la production forestière là où elle reste possible, par les aides apportées aux propriétaires et par les itinéraires sylvicoles proposés, et, d’autre part, vers une diminution ou disparition de la fonction de production dans d’autres cas, compte tenu de contraintes techniques (sols/topographie) ou réglementaires (conservation de la nature, aménagement du territoire). Tout regroupement de propriétés est à encourager, qu’il s’agisse d’une amélioration foncière structurelle via échanges, ventes et acquisitions ou d’une aide à la gestion forestière groupée/concertée.