La forêt : un bien avec des valeurs multiples pour le propriétaire forestier

Dernière mise à jour le 7 Feb. 2017

François Didolot, Ingénieur au CNPF, France

Résumé de l'intervention de François Didolot, Ingénieur au CNPF (Centre Nationale de la Propriété Forestière), France, et de Julie Thomas, économiste au CNPF.

 

Derrière chaque arbre, il y a un Homme au sens générique du terme, souvent discret, méconnu, voire ignoré. Mais toutes les politiques forestières, si pertinentes qu’elles paraissent être, ne peuvent être mises en œuvre sans lui. C’est lui qui décide au final de réaliser ou non telle ou telle intervention. Il a des motivations rationnelles, comme la coupe de bois, mais aussi affectives, par exemple sa forêt peut être vue comme un lieu de loisir et de détente. La suite du texte se rapporte au propriétaire forestier privé, qui sont plus d’un million possédant au moins un hectare de bois en France métropolitaine.

La valeur des bois peut être vue au travers du marché foncier grâce aux analyses des mercuriales ; il est globalement acheteur. Cette vigueur semble être liée à la recherche d’un approvisionnement de bois de chauffage. Ce marché est marqué par un fort caractère local. Depuis l’année 2000, le prix des forêts est déconnecté de la volatilité du prix du bois.

Classiquement, on dit que la forêt française est à l’abandon. Mais quel est l’avis des premier intéressés, les propriétaires forestiers ?

Il a des attentes ; l’analyse des deux principales montre que l’attachement affectif domine largement.  La production de bois vient en troisième rang, un peu dessous de la constitution du patrimoine. Suivent le territoire de chasse, puis le régime fiscal qui se situe à des niveaux très bas.

Nous pouvons regarder aussi les intérêts portés à ses bois, sans établir de hiérarchie. L’attachement affectif domine là aussi, cette réponse étant confirmée par l’importance du plaisir. Cette fois, la constitution du patrimoine, la production de bois et la préservation de la biodiversité sont pratiquement au même niveau. Les classements relatifs du territoire de chasse et du régime fiscal restent identiques.

L’espace de liberté a pu être approché en 2016 sur le Massif central. Il concerne la moitié des propriétaires de 1 à 4 hectares, son importance montant progressivement jusque 66 % pour les propriétés de plus de cent hectares.

Toujours dans le cadre du Massif central, les propriétaires ont conscience que leur forêt contribue général à la fourniture de services écosystémiques qui ont été regroupés en cinq catégories :

    • La protection de la ressource en eau,
    • La protection contre l’érosion des sols,
    • Le maintien d’une biodiversité végétale et animale,
    • La beauté des paysages.

 

 

Les chiffres sont très élevés, supérieurs à ceux observés pour la production de bois. Ils sont indépendants de la surface possédée. Cette valeur est tellement importante que la grande majorité d’entre eux est prête à modifier la façon de gérer vos bois, pour y contribuer. Nous assistons à un effet de génération, les plus jeunes étant plus impliqués. La moitié des propriétaires interrogés est prête à s’associer avec d’autres pour accéder à des aides financières permettant de réaliser leurs travaux.  De nouveau, le même effet de génération.

Et parmi ces personnes, 91 % se disent prêtent à signer un document de gestion concerté. Nombre de propriétaires sont disposés à s’engager sous réserve que ça fasse sens pour eux, bien sûr, mais aussi que ce soit sur des territoires auxquels ils puissent s’identifier.

 

En conclusion…

  • Les propriétaires forestiers attribuent des valeurs à leurs forêts, tant affectives que rationnelles.
  • La comparaison des comportements fait ressortir, avec des nuances, une population de cueilleurs et une de récoltants. Quelles conséquences sylvicoles ? Quelle acceptation des paradigmes qui sous-tendent l’action de la technostructure forestière?
  • Comment mobiliser plus de bois dans ce contexte ? Quelles places pour le bois de chauffage et la filière bois ?
  • Comment promouvoir les services écosystémiques ?